Jean-Charles
Pomerol
LIP6,
UPMC, 4 Place Jussieu
75252
PARIS Cedex 05, France
jean-charles.pomerol@upmc.fr
Bien que la décision soit une activité[1] non moins humaine que le langage, sa composante neurobiologique a, contrairement au langage, attendu les dernières années du 20ième siècle pour faire l'objet d'investigations (voir Damasio, 1994 et Damasio et al., 1996).
Très grossièrement résumés, les travaux de ces chercheurs ont conduit à deux résultats importants. Premièrement, on doit à Damasio et quelques autres, la mise en évidence d'un centre intégratif de la décision dans la partie ventro-médiane préfrontale du cerveau (Damasio, 1994; Furster, 1996 ; Berthoz, 2003). La détérioration de cette zone entraîne des conduites "irrationnelles" chez des personnes jusque là sensées (voir le cas exemplaire de Phineas Gage dans Damasio (1994)). Une des incapacités des sujets atteints dans cette partie du cerveau se traduit par une indifférence ou une mauvaise estimation du risque (Damasio, 1994; Adolphs et al., 1996)[2]. Selon une autre interprétation que j'ai avancée (Pomerol, 1997b), on a plutôt le sentiment que les sujets concernés deviennent incapables d'arbitrer entre court terme et le long terme privilégiant les satisfactions plus ou moins immédiates aux gains (ou pertes) futures, d'où l'impression que le risque n'est pas pris en compte[3]. Ce défaut d’anticipation est clairement en cause dans la démence frontotemporale (Berthoz, 2003, p. 99).
Ces travaux ont diffusé dans le public grâce essentiellement aux livres de Damasio (1994, 1999, 2003) et Berthoz (2003). Le débat s'est vite polarisé au tour du rôle des émotions dans la décision. En général, ces discussions ne se réfèrent pas aux modèles que nous, spécialistes de la décision connaissons, à l'exception notable d'Alain Berthoz qui en donne une vision simpliste, nous y reviendrons.
Le
premier à ma connaissance, Damasio et les personnes travaillant autour de lui
ont mis en évidence le lien entre des lésions du lobe frontal et des anomalies
de comportements dans le domaine de la décision. Grossièrement résumé, la décision
n'est pas seulement une affaire de raisonnement mais aussi d'émotion et
d'expression du corps. Cette expression mobilise différentes parties du cerveau
des plus anciennes[4], en particulier l'amygdale (Schoenbaum
et al., 1998), aux plus récentes. L'intégration des différentes
informations corporelles et émotionnelles avec le raisonnement se fait
semble-t-il dans la partie ventriculaire médiane du cortex préfrontal.
Pour simplifier disons que la composante ancienne de la décision
fonctionne selon un mode bien connu d'action-réaction qui a commencé à s'établir
il y a plus de 400 millions d'années. L'insecte ou le ver qui détecte une
vibration "a le choix" entre fuir dans diverses directions ou faire le
mort et le lien entre le stimulus et l'action passe déjà par des neurones peu
différents des nôtres. Même si
l’on sait que l’évolution procède par mutations, il existe un continuum
entre les neurones de la blatte qui lui font "décider" de fuir ou de
faire la morte et les neurones humains. Entre un ver de terre "prenant la décision"
de fuir une goutte d'acide et un mouton fuyant l'ombre d'un planeur qu'il a pris
pour un rapace, la nature nous offre une large gamme de décisions basées sur
la reconnaissance de stimuli plus ou moins complexes. L'évolution durant quatre
cent millions d’années explique la multiplicité et la complexité des
circuits impliqués par la décision dans le cerveau et les différents loci
concernés. Dans un premier temps, du ver de terre au mouton, c'est la complexité
des patrons reconnus qui s'accroît (Berthoz, 1996, 2003)[5].
Puis vient, une capacité d'apprentissage pavlovien chez les oiseaux et les
mammifères, capacités d’apprentissage très liées à l’amygdale (Schoenbaum
et al., 1998) . Enfin, n'est ce pas le début du raisonnement qui
s'exprime chez le chien qui va chercher sa laisse quand son maître met son
manteau ? Capacités qui culminent chez l'homme, à une toute autre échelle,
permettant l'apprentissage et le raisonnement. La grande supériorité du
cerveau humain c'est qu'il est non seulement capable de commander l'action mais
aussi de générer des images mentales du futur et de peser émotionnellement
les conséquences des décisions possibles (Schoenbaum et al., 1998).
D'un côté le stimulus qui déclenche de façon quasi-immédiate
une réaction comme lorsque vous retirez votre main d'une surface brûlante et
de l'autre le raisonnement qui porte essentiellement sur la partie projection de
la décision (Pomerol, 1997a). C'est
cette partie que nous spécialistes de la décision modélisons et privilégions
dans nos travaux. Cette partie projection suppose bien entendu des représentations
du futur et comme vous le savez c'est là que les difficultés commencent.
Cette notion de représentation du futur, plus que la notion de
décision en elle-même détermine le degré d'humanité. La représentation du
futur et le raisonnement sur le futur nécessitent de la mémoire. Comme
l'avaient judicieusement observé Newell et Simon dès 1972, les systèmes de
traitement de l'information "intelligents" (information processing
systems) sont tous formés d'un capteur de stimuli/interpréteur, d'une ou
plusieurs mémoires et de capacité de raisonnement symbolique. Le cerveau n'échappe
pas à la règle. Or donc, mémoire, raisonnement et décision ont crû de
concert dans la lignée humaine. Nous pouvons inclure le langage dans la liste
précédente car le langage a des traits communs avec la décision. Dans les
deux cas, il s'agit d'une capacité d'enchaînement et de mise bout à bout de
sons, de mots pour le langage (Calvin, 1991, 1994); d'images, de souvenirs, d'évènements
et d'actions dans le cas de décision. Un scénario est en quelques sorte une
histoire d'où l'analogie avec le langage. Plus l’histoire est crédible
(belle ?) plus la décision a de chance d’être prise (Tversky et
Kahneman, 1982b). On a pu écrire que dans une organisation prendre une décision
à laquelle les gens adhérent, c’est raconter une histoire qu’ils croient (Weinberger,
2001). Tout cet aspect
"histoire que l’on raconte ou que l’on se raconte"
nous emmène un peu loin de la rationalité mais nous rapproche du
langage avec lequel la décision a beaucoup de traits communs ne serait-ce que
du point de vue phylogénique. Et même sans invoquer Vico (1744), on
aurait grand tort d’ignorer cet aspect puisque d’une certaine manière,
historiquement avant le raisonnement, il y avait la mythologie et la poésie
lyrique qui, sous forme d’histoires, sont les premiers modes de structuration
du monde et d’accumulation des connaissances.
Ce type de raisonnement par scénarios est indissociable des
capacités de représentation, il a crû a cours de l'évolution, confirmant
ainsi le rôle de la partie frontale du cerveau, partie la plus récente du
cerveau, dans la décision. Ce qu’on peut dire, c’est que la partie à la
fois la plus liée au corps et aux émotions, mettant en œuvre des parties
anciennes du cerveau, interfère avec la partie "raisonnement" et que
l’intégration des différentes informations se fait dans le cortex préfrontal.
Nous voici donc avec les deux pôles de la décision : reconnaissance et
raisonnement. Reconnaissance de patrons qui provoque l'émotion, parfois la réaction
immédiate, ou sinon s'incorpore avec le raisonnement, dans le lobe frontal pour
produire la décision[6].
Mais ni Damasio ni Berthoz n'ont
de modèle pour expliquer comment se fait le mélange.
Comme on vient de le voir, la partie "raisonnement" est surtout la capacité à se projeter dans le futur et, par des phénomènes complexes et mal identifiés, à faire qu’une action domine les autres au sens de Pareto, car il s’agit bien de décision multicritère. Si l’on en croit les neurobiologistes (Berthoz, 2003), le cerveau procède plus par inhibition de solutions potentielles que par choix. Autrement dit, suite à un processus physiologique compliqué mettant en jeu de nombreuses parties du cerveau, une solution dominante finit par inhiber toutes les autres solutions possibles (notons au passage que l’on retrouve le phénomène de "search for dominance" décrit par Montgomery (1983, 1987) et que chacun peut observer dans son comportement quand on se persuade a posteriori que l’on a acheté la meilleure voiture ou le meilleur lave-vaisselle compte-tenu de ses contraintes). Cet effort de rationalisation existe soit après l'action et il va réduire la tension consécutive au choix (rationalisation a posteriori), soit il s'impose avant l'action. J'ai appelé ce dernier phénomène "rationale construction for action" (Pomerol, 2003) dans un cadre où des opérateurs interprètent le contexte pour justifier les actions qu'ils entreprennent (Brézillon et al., 2002).
Sur le plan cognitif et mnésique, cela veut dire que certaines situations sont marquées dans la mémoire et vont orienter les choix grâce à l’émotion dès lors qu’elles sont reconnues. A ce niveau nous ne sommes pas loin du "frame effect " (Tversky et Kahneman, 1974, 1982a, 1988). Un sujet qui a eu une expérience désagréable, même à la suite d’une bonne décision hésitera à reprendre la même décision. Dans son livre de 1994, Damasio postule l'existence de marqueurs somatiques qui transmettent les émotions vers le cortex préfrontal où elles sont intégrées aux images du futur et au raisonnement. Que les émotions dominent ou que le raisonnement du froid calculateur l'emporte, sauf en cas d'aboulie, une action finit par émerger. Comme le disait Keen (1977) ce qu’il y a d’étonnant dans la décision, c’est qu’en théorie il n’y a pas de solution mais en pratique on choisit quand même (sauf l’âne de Buridan qui reste un cas d’école !).
Les
critiques de Damasio et Berthoz envers les modèles classiques de la décision
doivent être distinguées. Pour Damasio c'est d'abord Descartes qui est la
cible avec sa distinction entre le corps et l'âme puisque Damasio prouve le rôle
des émotions et du corps dans les décisions (Damasio, 1994). La dualité n'est
sûrement pas l'apport le plus important de Descartes et l'on ignore ce que ses
considérations sur l'âme doivent à l'opportunité religieuse du moment. Pour
ce qui concerne les sciences de la décision, personne n'a jamais nié qu'il put
y avoir de la décision immédiate par reconnaissance de cas. Klein (1993) a
forgé le terme "Recognition Primed Decision".
Simon (1995), a
proposé un modèle de l'intuition et de différentes réactions
comportementales. D'un autre côté, le raisonnement par cas offre un cadre
adapté à la modélisation des réactions par reconnaissance (e.g.
Gilboa et Schmeidler, 1995, 2000a, 2000b). Or donc, nul ne nie le rôle de l'émotion
et de l'humeur corporelle dans la décision humaine sans qu'il soit nécessaire
d'invoquer Spinoza (Damasio, 2003)[7].
La question implicite posée par ces travaux est : faut-il en tenir compte si
l'on veut être rationnel ? A mon sens non, ou alors il faut l'inclure dans le
raisonnement sous la forme de cas et d'anticipations tirés de l'expérience,
voir Pomerol (2001).
D'un autre côté,
Berthoz (2003, Chapitre 2) s'en prend directement aux modèles de la décision.
Il croit ou feint de croire que les modèles de la décision prétendent décrire
le fonctionnement du cerveau. Critique non pertinente, car ne serait-ce que les
probabilités, l'on sait très bien qu'elle ne se trouvent pas à l'état natif
dans le cerveau. Un modèle reste un modèle surtout s'il n'a aucune prétention
biologique ! Il faut interpréter
les critiques de Berthoz comme une critique de la rationalité[8].
Le malentendu est complet, car il ne s'agit pas seulement de reconnaître le rôle
des émotions et du corps dans la décision, mais de critiques des modèles
rationnels de décision, non pour leur vrais défauts et présupposés, ce qui a déjà été fait par Simon lors de l'introduction
de la rationalité limitée (voir Pomerol, 2002), mais pour leur manque de
tendresse et d'altruisme[9].
Critique non relevante puisque la fonction d'utilité peut fort bien et même
doit contenir des composantes morales ainsi que le futur des enfants si ces
composantes contribuent à la satisfaction de l'individu. Comme le dit
Berthoz (2003, p. 22) : "Nous ne prenons pas nos décisions, qu'elles
soient motrices ou intellectuelles, au terme d'une analyse rationnelle de la
situation", certes mais les modèles de décision n'y sont pour rien, tout
au plus peut-on dire, ce qui n'est pas un scoop, que l'utilité est une idéalisation.
Le contre-sens est
encore plus flagrant à propos des probabilités. Comme l'indique la citation
ci-dessous[10],
Berthoz souscrit d'abord à la notion de recherche de dominance de Montgomery,
mais le rapport aux probabilités n'est pas évident. Que la dominance ne
s'exprime pas sous forme agrégée comme une perte ou un gain, certes, puisque
comme nous allons le voir elle est essentiellement multicritère, mais cela n'a
rien à voir avec les probabilités qui sont une représentation du futur ! Tout
au plus concéderais-je que la manipulation des probabilités est un moyen de
recherche de la dominance en terme d'espérance d'utilité. C'est un phénomène
connu, voir e.g. Kahneman et Lovallo
(1993).
Ce
que nous enseigne la neurobiologie, c'est que le multicritère est, soit inclus
dans la partie émotionnelle de la décision, soit fait l'objet d'un
raisonnement projectif dans la partie frontale du cerveau. Cette projection est,
par nature, multicritère par au moins deux dimensions, le court terme (ou la
satisfaction immédiate des besoins de la vie (on revient au conatus de
Spinoza)) versus le moyen - long terme. Ce qui est intriguant
c'est que l'anticipation de gains à long terme arrive à contrer
l'attrait de la satisfaction immédiate chez beaucoup d'individus. Via les émotions,
l'éducation et les inhibitions[11]
? Chaque composante temporelle se décline en de multiples critères. Cette
tension entre les critères se résout visiblement dans le lobe frontal[12].
Mais on ne sait pas bien comment mais la recherche de dominance et la
rationalisation pour l'action (qui est une sorte de recherche de dominance préalable
à l'action, Pomerol, 2003) interviennent pour finir par inhiber toutes les
actions possibles sauf une. Vraisemblablement il y a des effets de seuil dans la
décharge des neurones qui font que le gagnant emporte le tout ("winner
takes all "). On peut bien sûr modéliser ce type de phénomène
en décision multicritère mais, à un moment ou un autre, on attribue des poids
ou une importance relative aux critères, phénomène que l’on n’identifie
pas dans le cerveau et qui reste caché dans les neurones.
D’un autre côté,
l'homme n'aime pas la tension créée par le choix multicritère (Kottemann et
Davis, 1991 ; Berthoz, 2003, p. 286), il faut toujours faire un effort pour
penser que l'on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Bien souvent
il va chercher à rationaliser son choix, soit par la recherche de dominance
(Montgomery, 1983, 1987), ce choix de la dominance est d’ailleurs confirmé
par les neurobiologistes (Berthoz, 2003, p. 306), soit en utilisant le
raisonnement par analogie, soit en "écoutant" son corps via les émotions
et presque jamais en ayant recours à l'agrégation qui apparaît comme un
effort de rationalisation des scientifiques. Souvent le décideur préfèrera,
suivant les voies de la recherche heuristique et de la rationalité limitée,
procéder par essai-erreur via des méthodes interactives (voir Pomerol et Barba-Romero,
1993) et des adaptations locales en fonction des niveaux d’aspiration (Lévine
et Pomerol, 1986 ; Selten, 2002). Ni Berthoz, ni Damasio n'abordent la
question des critères comme je le fais, même en ce qui concerne l'opposition
court terme, long terme. Damasio (1994, p. 199) cependant se pose la
question de l'agrégation en des termes que nous pourrions approuver :
"…., Criteria are provided by somatic markers, which express, at any
given time, the cumulative preferences we have both received and acquired. But
how do somatic markers function as criteria ?" La
question évidemment reste entièrement ouverte, d'autant plus que les marqueurs
somatiques n'ont plus cours dans le dernier livre de Damasio. Comme on le voit
l'agrégation conserve son mystère…
L'apport fondamental des travaux sur la neurobiologie de la décision concerne le rôle des émotions et du corps dans la décision. Bien sûr l'on connaissait depuis toujours ce rôle, mais on commence à entrevoir ses modes d'intervention. Il n'y a pas de doute : reconnaissance et raisonnement sont les deux pôles de la décision via la complexification des boucles de contrôle, leur déconnection de la perception et leur branchement sur les images mentales du futur (voir note 5), l'intégration de l'ensemble des informations se faisant dans le cortex préfrontal médian.
La deuxième confirmation est celle de l'utilisation essentielle de multiples critères, des critères différents mobilisant vraisemblablement des circuits neuronaux distincts jusqu'à ce qu'une action domine les autres suivant des phénomènes inconnus, d'équilibrage et d'inhibition de réseaux de neurones. Il n'y a pas de fonction d'utilité, agrégée, on s'en doutait déjà, il n'y a que de l'ajustement progressif et fragile. C'est cette fragilité et imprévisibilité qui font tout le charme de la décision et la force de la liberté[13].
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[1]
"Decision making is, in fact, as defining a human trait as
language" (Damasio et al., 1996).
[2]
"Subjects with VM (ventromedial) frontal lesions, however, do
not show this switch in strategy. They invariably lose money on the task as
a result of continuously choosing cards from the risky decks, even after
they have had substantial experience with the decks, and have lost money on
them. Interestingly, the VM frontal patients are quite aware that they are
loosing money, and some even figure out the fact that the decks from which
they are choosing are likely to be more risky. None of this knowledge,
however, appears to influence their abnormal behavior, and they continue to
choose from risky decks despite continued losses" (Adolphs et al.,
1996, p. 162).
[3] "Ces patients n'utilisaient pas l'expérience émotionnelle qu'ils avaient accumulée au cours de leur vie. Les décisions prises dans ces circonstances donnaient des résultats erratiques, voire négatifs en particulier en ce qui concernaient les conséquences futures" (Damasio, 2003, p. 147).
[4] Certains auteurs font référence au "cerveau reptilien"!
[5]
"But we have also proposed the idea that, …, higher central
loops that have increasingly gained complexity during evolution operate on
another mode that we have called a projective process. In this mode, signals
are processed in internal loops having no direct link with sensors" (Berthoz,
1996, p. 84).
[6] "Le signal émotionnel n'est pas un substitut du raisonnement proprement dit. Il joue un rôle auxiliaire et accroît l'efficacité du processus du raisonnement et l'accélère" (Damasio, 2003, p. 150).
[7] Sacha Guitry disait en se moquant de la sagesse populaire : "méfiez-vous de votre première impression c’est toujours la bonne".
[8] "Nous ne prenons pas nos décision, qu'elles soient motrices ou intellectuelles, au terme d'une analyse complètement rationnelle de la situation" (Berthoz, 2003, p. 22).
[9] "Pourtant, la relation entre émotion et décision, par exemple est évidente. Les décisions sont souvent prises autrement qu'en fonction de l'intérêt personnel. D'autres valeurs humaines importantes interviennent comme les idées religieuses ou politiques, le sacrifice pour ses enfants, la loyauté, la droiture, la justice, la compassion, la réciprocité, la confiance.
Toutes ces approches n'ont pas vraiment tenu compte, jusqu'à présent, du fait que les décisions sont prises par un cerveau vivant" (Berthoz, 2003, p. 41).
[10] "La compétition entre les solutions différentes qui s'offrent à nous lorsque nous prenons une décision dépend donc autant de notre capacité à faire dominer une solution qu'à en éliminer d'autres. C'est ce que les théories probabilistes de la décision ne peuvent pas vraiment prendre en compte. Le problème n'est pas d'évaluer un coût et un gain, et de choisir en fonction d'une certaine probabilité de gagner plus qu'on ne perd. L'opposition gain, perte n'est pas de la même nature que l'opposition excitation/inhibition, que la compétition entre des comportements. Il y a dans cette compétition une richesse que nous sommes loin de comprendre, mais qui dépasse de beaucoup la froide estimation des calculs de probabilités…" (Berthoz, 2003, p.306).
[11] "Parmi les émotions/sentiments, j'accorde une importante particulière à celles qui sont associées aux résultats futurs de nos actions…" (Damasio, 2003, p. 149).
[12] "La myopie en ce qui concerne l'avenir causée par une lésion préfrontale à un équivalent chez ceux qui modifient leurs sentiments normaux en prenant des narcotiques ou de grandes quantité d'alcool" (Damasio, 2003, p. 154).
[13] Une version étendue de ce travail avec une large bibliographie paraîtra en 2004 dans le traité des sciences de l'ingénieur : Concepts et méthodes pour l'aide à la décision, D. Bouyssou, D. Dubois, M. Pirlot, H. Prade (Eds), Hermès, Paris.
EWG-MCDA Newsletter, Series 3, No.9, Spring 2004